À propos d’un titre
Le goût de l’absolu ? C’est un titre hommage, et non de la hauteur, pour le plaisir d’inciter à revenir à ce trait marquant du personnage de Bérénice et donc à ces pages du roman d'Aragon, Aurélien, pages qui disent :
« (…) cette passion si dévorante qu’elle ne peut se décrire. Elle mange qui la contemple. Tous ceux qui s’en sont pris à elle s’y sont pris. On ne peut l’essayer, et se reprendre. On frémit de la nommer : c’est le goût de l’absolu (…)
Si l’on veut, qu’on s’en félicite, pour ce qu’elle a pu faire aux hommes, pour ce que ce mécontentement a pu engendrer de sublime. Mais c’est ne voir que l’exception, la fleur monstrueuse, et même alors regardez au fond de ceux qu’elle emporte dans les parages du génie, vous y trouverez ces flétrissures intimes, ces stigmates de la dévastation qui sont tout ce qui marque son passage sur des individus moins privilégiés du ciel.
Qui a le goût de l’absolu renonce par là même au bonheur. »
Renoncer au bonheur, ce n’est pas mon idée. Mais j’aimerais garder comme en veille, mais humblement, cette «passion», cette «absence de résignation», cette petite substance aigüe, ce flux insistant au moment d’écrire. Quelque chose du goût de l’absolu alors que j’essaie de décrire ce que je perçois alentour, ce à quoi je suis poreuse. Ou au contraire ce qui glisse. Ceci, sans craindre les sinuosités de l’écriture qui parfois m’aspirent jusqu’à me perdre un peu -c’est mon travers. Alors il me faudra essayer de rester claire jusqu’à l’évocation de ce qui trouble.